L’Aide Personnalisée au Logement versée par la CAF peut permettre de réduire considérablement le montant de votre loyer chaque mois. Mais si vous vivez à deux, une question se pose : vaut-il mieux se déclarer en couple ou en colocation pour les APL ? Les deux statuts ont leurs propres règles, conséquences et avantages. On vous explique comment choisir et ce que vous risquez en cas de contrôle.
Le choix entre colocation et concubinage (vie en couple) dépend avant tout de votre situation réelle. La CAF distingue la colocation, où deux personnes partagent un logement sans liens sentimentaux ni financiers, du concubinage, où un couple vit sous le même toit en partageant les charges. Cette distinction n’est pas anodine : elle modifie la manière dont l’APL est calculée et versée.
Il n’existe pas de réponse universelle car tout dépend de vos revenus respectifs, du loyer et de la composition du foyer.
En colocation, chaque occupant reçoit sa propre aide calculée sur ses ressources personnelles et sa part de loyer. Si vous avez des revenus modestes et que votre colocataire gagne bien sa vie, vos APL ne seront pas pénalisées, puisque votre dossier est individuel.
En concubinage, la CAF additionne les revenus du couple pour déterminer un seul droit. Cette méthode peut réduire le montant global si l’un des partenaires perçoit un salaire élevé. En revanche, si vous avez des ressources proches ou très modestes, et surtout si vous avez des enfants, les barèmes pour couples peuvent être plus avantageux et d’autres aides (allocations familiales, prime d’activité) peuvent augmenter.
La règle essentielle est de déclarer votre situation réelle. Une fausse déclaration (prétendre être en colocation pour les APL alors que vous vivez en couple) est considérée comme une fraude. Si vous partagez votre vie de manière stable et durable, que vous gérez ensemble les charges et que vous avez des projets communs, la CAF vous considère comme concubins, même si vous avez deux chambres. À l’inverse, si vous ne partagez que le logement, chacun paie sa part et gère ses dépenses indépendamment, vous êtes en colocation. Le montant de l’APL découle alors de cette réalité : il est inutile de « se déclarer » dans un statut différent pour tenter d’obtenir plus.
En colocation, plusieurs personnes (amis, étudiants, collègues, etc.) partagent un logement sans former de couple. Chacun signe le bail (ou un bail individuel) et règle sa part du loyer. La CAF considère chaque colocataire comme un allocataire distinct. Chacun doit déposer sa propre demande d’aide en indiquant ses revenus et la part de loyer qui lui revient. Le montant d’APL est donc calculé individuellement.
Le concubinage, ou union libre, désigne deux personnes qui vivent ensemble de façon stable, partagent leur quotidien et leurs dépenses sans être mariées ni pacsées. Aux yeux de la CAF, il s’agit d’un foyer unique : les revenus des deux partenaires sont additionnés et une seule demande d’APL est déposée. Cela peut diminuer le montant de l’aide si le revenu total est élevé, mais la CAF applique des barèmes plus élevés pour un couple (par exemple, le plafond de ressources pour bénéficier de l’APL est plus haut qu’en colocation) et la présence d’enfants augmente l’aide.
Se déclarer en couple pour les APL implique que la CAF additionne vos revenus. Si votre partenaire gagne significativement plus que vous, le calcul réduira votre APL, voire la supprimera, car le revenu du foyer dépassera les plafonds. De plus, certaines aides réservées aux personnes seules, comme l’allocation de soutien familial (ASF) ou le RSA majoré, ne seront plus versées. Enfin, il faut accepter d’être solidaire des dettes éventuelles (en cas de trop‑perçu, l’un peut être redevable pour l’autre).
En colocation, l’APL est calculée individuellement, mais le plafond de loyer pris en compte est plus bas (environ 75 % du montant pour un locataire seul). Si vos revenus sont similaires à ceux d’un couple aux revenus modestes, le total des APL perçues peut être inférieur au montant unique accordé à un couple. De plus, chaque colocataire doit effectuer ses démarches, fournir des justificatifs, gérer ses déclarations et sa part du loyer, ce qui peut être plus complexe au quotidien.
Le calcul de l’APL repose sur trois critères : le montant du loyer, les ressources du foyer et la composition familiale (nombre de personnes à charge). En colocation comme en couple, la CAF applique une formule prenant en compte ces éléments, mais la base de calcul diffère.
Chaque colocataire indique sa part de loyer et ses ressources. La CAF applique ensuite un plafond de loyer réduit : par exemple, si le plafond mensuel de loyer en zone 1 est de 560 € pour une personne seule, il sera d’environ 420 € (75 %) pour chaque colocataire. La CAF détermine ensuite la participation personnelle en fonction des revenus déclarés et déduit cette participation du loyer pris en compte pour obtenir le montant de l’aide. Si le colocataire a des revenus très faibles, son APL peut représenter une part substantielle du loyer.
Pour un couple, la CAF additionne les revenus des deux partenaires et prend en compte le loyer total. Les plafonds de loyer et de ressources sont plus élevés que pour une personne seule, mais la participation personnelle est calculée à partir du revenu cumulé. Par conséquent, si l’un des partenaires dispose d’un revenu important, l’APL diminue proportionnellement. En revanche, si les deux revenus sont modestes, le montant unique peut être supérieur à la somme de deux APL de colocataires.
Il est souvent difficile d’estimer à l’avance quel statut vous donnera le plus d’aide. Réaliser une simulation APL en ligne est le meilleur moyen de comparer objectivement. Le simulateur gratuit Mes Allocs vous permet de tester votre situation en colocation et en concubinage. Ces outils n’ont aucune valeur déclarative : ils servent uniquement à estimer un montant potentiel selon les informations renseignées. Vous pouvez ainsi comparer les deux scénarios avant de vous déclarer officiellement.
Oui. En colocation, chaque occupant dépose sa propre demande d’APL auprès de la CAF, fournit sa part de contrat de location (ou son bail individuel) et ses justificatifs de revenus. Il doit notifier tout changement le concernant (déménagement, arrivée d’un nouveau colocataire, variation de revenus). En concubinage, il n’y a qu’un seul dossier pour le couple. Il faut déclarer la vie commune dans l’espace personnel CAF et mettre à jour vos ressources et situations familiales (naissance, mariage, séparation) dès qu’elles évoluent.
La tentation de se déclarer colocataires pour toucher des APL plus élevées est forte, mais il s’agit d’une fausse déclaration. Si la CAF estime que vous vivez en couple (vie commune stable, partage des dépenses, compte commun, etc.), elle vous considérera concubins, même si vous avez deux chambres.
Les contrôleurs peuvent comparer vos déclarations, vos dépenses (courses, factures) et effectuer un contrôle à domicile. En cas de fraude avérée, la CAF peut exiger le remboursement intégral des aides perçues, assorti de pénalités.
Si vous êtes en couple et ne l’avez pas signalé, la CAF peut remonter plusieurs années en arrière pour réclamer les trop‑perçus. Selon votre bonne foi, l’organisme se contente parfois d’exiger le remboursement de l’APL. Si la dissimulation est volontaire, des sanctions financières s’appliquent, ainsi que des poursuites judiciaires dans les cas de fraude manifeste.
Les rumeurs prétendant qu’il suffit d’avoir deux lits pour convaincre la CAF que vous êtes colocataires sont simplistes. Les contrôleurs ne se contentent pas de compter les lits : ils examinent les indices d’une vie commune (garde‑robe partagée, meubles et équipement en commun, relevés bancaires, factures jointes, etc.). Si votre quotidien ressemble à celui d’un couple, l’organisme peut requalifier votre situation en concubinage. Avoir deux espaces de sommeil distincts est un élément parmi d’autres, mais ce n’est pas suffisant pour se justifier en cas de contrôle.
Pas nécessairement. En couple, les revenus des deux partenaires sont additionnés, ce qui peut réduire l’APL si l’un des revenus est élevé. Cependant, les barèmes sont plus élevés et la présence d’enfants augmente l’aide. Le montant dépend donc de la somme de vos revenus et du loyer.
Non. Par définition, le concubinage suppose une vie commune stable et continue. Si vous ne vivez pas sous le même toit, vous n’avez pas à vous déclarer en concubinage. Vous restez alors deux foyers distincts aux yeux de la CAF.
Oui. Un colocataire peut percevoir l’APL (ou l’ALS/ALF selon le type de logement), à condition d’être mentionné sur le bail, d’habiter le logement au moins huit mois par an et de respecter les plafonds de ressources.
La CAF peut demander des justificatifs (contrat de location, quittances, factures), consulter vos déclarations fiscales et sociales et, en cas de doute, effectuer une visite à domicile. Elle vérifie notamment le partage des charges et des espaces, l’existence de comptes bancaires séparés ou communs.
Un concubin est une personne qui vit avec vous en tant que couple : vous partagez votre quotidien et vos dépenses. Un colocataire est un simple cohabitants sans lien sentimental ou financier ; vous partagez uniquement le logement.
Déclarer votre concubinage simplifie vos démarches : un seul dossier, des plafonds plus élevés et l’accès à des aides familiales. Si vos revenus sont modestes et que vous avez des enfants, l’APL peut être plus importante qu’en colocation.
Un couple peut louer un logement en colocation uniquement s’il dispose de baux séparés et de finances distinctes. Si vous partagez un logement avec votre partenaire mais avez des contrats et des dépenses séparés (par exemple pour raisons professionnelles), chacun doit justifier sa part de loyer et ses ressources. La CAF décidera si les conditions de colocation sont réunies.
Non. Si vous vivez en couple, que vous partagez le même lit ou au moins votre vie au quotidien et vos dépenses, vous êtes en concubinage. Se déclarer en colocation pour bénéficier d’une APL plus élevée est considéré comme une fraude et vous expose à des sanctions.
En colocation, chaque locataire est considéré séparément : ses revenus et sa part de loyer servent de base au calcul et chacun fait une demande d’aide distincte. En concubinage, la CAF regroupe les revenus du couple et ne verse qu’une seule aide.
La CAF applique un plafond de loyer réduit (environ 75 % de celui d’une location individuelle) pour calculer l’APL en colocation. Toutefois, comme l’aide est calculée individuellement, la somme des APL perçues peut être plus avantageuse si les colocataires ont des revenus très différents. Votre situation personnelle reste déterminante.